
Sa préférée…
Ce titre court et porteur est dans nos librairies depuis plusieurs mois.
Sorti fin aout, aux éditions Sabine Wespieser, « Sa préférée » est le premier romande Sarah Jollien-Fardel. Suisse, Sarah Jollien-Fardel est journaliste.
Avec un roman comme Sa préférée, elle frappe fort.
En 200 pages ou 4h37 d’écoulecture, l’autrice nous dresse un tableau affligeant d’une famille dysfonctionnelle.
Une histoire trop tristement banale, celle de Jeanne.
Cadette de la famille, elle vit dans un village du Valais. Son père bat sa mère et sa grande sœur. Violent et pervers, elle le déteste. Sa haine envers lui et le soutien silencieux de sa mère vont lui permettre de quitter ce foyer en souffrance et de faire des études.
Pourtant, Jeanne vit dans la crainte et la culpabilité. Elle est saine et sauf. Elle vit dans un certain confort. Ce n’est pas le cas de celles qu’elle a laissé derrière elle. Sa mère. Sa sœur. Elle retourne leur rendre visite dès que possible.
Elle tente de vivre une vie ordinaire malgré tout.
Est-ce seulement envisageable?

J’ai découvert « Sa préférée » en version audio édité par Audiolib. Je n’ai aucun regret. La lecture est fluide, comme le texte malgré un thème sombre. Comme si l’autrice avait eu besoin de vomir, de déverser cette histoire.
La voix de Lola Naymark a un timbre chaud, apportant du réconfort et un effet plaid sur un récit glaçant. Lola Naymark porte le récit. Elle suit l’énergie insufflée par l’autrice et donne vie à Jeanne.
« Sa préférée » est écrit à la première personne du singulier. Ce « je » donne un sentiment de confidence. Il lie le narrateur au lecteur. Il est compliqué de se défaire de l’histoire de Jeanne.
Cette lecture me laisse sur un sentiment ambigu. J’ai aimé l’approche et l’écriture choisie par l’autrice. J’ai moins aimés les thèmes traités: suicide, inceste, viol, violences intrafamiliales,…
Dur, dur, dur…Je ne sais pas si j’étais prête à écoulire tout ça.
Je remarque que mes lectures ont un impact sur mon humeur…

J’ai aussi eu des difficultés par moment avec Jeanne. Elle a beaucoup de difficultés à trouver sa place (ce qui est assez logique bien entendu). J’ai eu le sentiment qu’elle trouvait par moment plaisir à rester dans son statut de victime, qu’elle avait saisi sa chance mais qu’elle ne parvenait pas à (se) pardonner.
Elle a une personnalité multi faces. Elle se comporte comme beaucoup de victimes. N’hésitant à faire souffrir les autres. Autant je comprends totalement son système de valeurs et de communication complètement perverti, autant par moment, j’avais envie de lui donner un coup de pied au derrière.
Je te choque peut-être et je m’en excuse.
Cependant, notre vécu nous colle des étiquettes. Oui, c’est long et douloureux…
C’est le prix à payer pour ne pas reproduire les schémas.
Je te laisse découvrir « Sa préférée » pour savoir si Jeanne sort de sa carapace et laisse tomber l’épée.
