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Ceci n’est pas un fait divers de Philippe Besson

Les faits divers…

Enfant, j’appelais ça la rubrique des chiens écrasés.

Ces histoires que l’on ose sur quelques lignes d’un journal.

Ces crimes vite oubliés parce que ça n’arrive qu’aux autres.

Ce voile posé sur la noirceur ou la folie de l’âme humaine.

Dans les années 80 et 90, un crime était un fait divers…sauf si il était suffisamment sensationnel pour vendre du papier journal. Le fameux « C’est Omar qui m’a tuer » ou les prouesses sous influence d’un humoriste finalement plus si drôle par exemple.

Sans être accro aux infos criminelles ou non, je suis touchée lorsqu’une vie est ôtée…Hommes, femmes, enfants…innocents. Tous victimes.

Je remarque cependant que l’actualité n’est pas traitée de la même manière selon le genre de la victime. Il s’agit d’un constat. Le féminicide est plus banalisé que l’homicide. Pourtant, toutes les vies ont la même valeur, non?

Combien de femmes sont mortes sous les coups portés par leurs compagnons? Combien d’enfants sont devenus orphelins depuis ma naissance en 1976?

Dans son dernier roman, sorti début de cette année, Philippe Besson nous conte une histoire. Cette histoire n’est pas un fait divers. C’est celle de deux enfants. Deux enfants orphelins.

Leur père a tué leur mère.

Ils ont 19 et 13 ans.

Ce sont encore des enfants.

Y a-t-il un âge pour vivre une telle perte, dans de telles circonstances?

Lorsqu’une personne est assassinée, elle n’est pas la seule victime. Derrière l’acte d’un.e meurtrier.trière, plusieurs personnes souffrent. Leur vie est chamboulée, si pas anéantie.

Les victimes collatérales basculent dans l’horreur. Elles sont propulsées dans un labyrinthe.

L’issue?

Le deuil.

Long.

Douloureux.

Inaccessible?

Improbable?

La résilience?

A travers ce texte, Philippe Besson nous ouvre les yeux sur ces victimes invisibles et silencieuses. Celles que l’on entend parfois des années après dans les émissions telles que « Faites entrer l’accusé » ou « Crimes en série ».

Seules tribunes de leur malheur.

Seul moyen de ne pas rendre inutile la disparition de leurs proches.

De « Ceci n’est pas un fait divers », je retiendrai surtout une dimension humaine de l’écriture. J’aime la plume de Philippe Besson. J’apprécie cette manière de parler de choses graves, de thèmes percutants l’air de rien.

Dans ce roman, tu ne trouveras ni révélation, ni info sensationnelle. Ce n’est pas un thriller. Ce n’est pas un polar ou un policier.

Non.

Tu y trouveras un espace.

Une page blanche.

Sur celle-ci, Philippe Besson a écrit l’amour.

Il a décrit l’incompréhension.

Il a effleuré la colère.

Il a perçu l’effroi.

Il a brisé le silence.

A l’aide de ses mots, l’auteur donne une place à un drame familial. Il permet à une maman de ne plus être un fait divers quelconque. Il offre à deux orphelins les mots qui leur manquent.

D’ailleurs, aucun parent, aucun enfant, aucun individu ne devrait devenir un fait divers.

En clôturant cette chronique, je pose ici une petite réflexion inspirée par ce roman à lire. Si tu multiplies ce fait divers par le nombre de féminicides à travers le monde depuis la date de sortie du livre…peux-tu encore dire qu’il s’agit de faits divers?

Qu’en penses-tu?

Donne-moi ton opinion en commentaire.

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