
Je sais que ce n’est pas bien. J’écris cette chronique en mangeant des biscuits Nutella… C’est plus fort que moi.
En 3 ans, j’ai pris un peu plus de 10 kilos.
Je sais d’où ils viennent.
Ils sont le fruit de ma tendance à grignoter des sucreries, à me prendre une cannette d’Ice tea pour me faire plaisir et à me réconforter avec de bons petits plats…
Je culpabilise beaucoup de ne pas pouvoir résister. J’en ai même parlé à mon médecin. Il me dit de ne pas m’en faire, que j’ai plein d’autres défis à relever et que quand ma vie ira mieux, je retrouverais une alimentation en équilibre avec cette dernière.
Pourtant, je me sens mal dans ma peau. Je me fixe des objectifs que je n’arrive pas à tenir. Je me réfugie dans la nourriture comme d’autres le font dans la drogue, dans l’alcool ou le sport intensif.

En lisant « Junk food » publié chez Casterman en janvier, j’ai réalisé que la nourriture réconfortante avait pris le contrôle. Il suffit d’un moment de flemme sidérale et hop je vide l’armoire de ces crasses.
Progressivement, même si je connais par cœur les principes de la diététique, la junk food a pris la place. Pourtant, j’ai grandi dans une famille où nous mangions 3 repas par jour.
Une alimentation à la flamande pour le repas principal: viande, légumes et patates à l’eau. Je suis incapable de manger cela aujourd’hui. J’ai complètement perdu le plaisir de ces repas sans saveur.
Même chose pour les crasses. J’avais droit à quelques bonbons par semaine. Il y avait du chocolat au lait côte d’or, le petit paquet jaune avec les écritures dorées… et surtout quand il n’y avait plus, il n’y avait plus.
Depuis trois ans, je fais en sorte de ne pas manquer.
Parce que manquer est douloureux.
En lisant le surprenant album graphique d’Emilie Gleason et d’Arthur Croque, j’ai découvert que derrière mon problème alimentaire se cachait une addiction: l’addiction au sucre.
Le sucre est une véritable drogue. Il y a en a partout dans la Junk food!
Quand je pense qu’en Belgique, en classe, on apprend la fabrication du sucre raffiné. Mais comme nous sommes sur le mauvais chemin!
Au lieu de visiter la raffinerie de Tirlemont ou l’usine Côte d’Or, nous devrions apprendre aux enfants à s’éloigner de toutes ces choses qui les rendront potentiellement dépendants.
Pour les adolescents, cet album est un outil très précieux.
Emilie Gleason et Arthur Croque ont réalisé un véritable travail de recherche afin de comprendre et d’expliquer de façon précise la complexité de cette addiction.
Durant les confinements, ils ont pu participer à des réunions de Food Addict in recovery Anonymous aux USA. De ces rencontres virtuelles, ils ont tiré de nombreuses histoires de vie et de combat.
Ils se sont inspirés des parcours de ces personnes pour écrire ce livre. Nous découvrons ces rencontres à travers l’expérience de Zazou, une jeune anorexique. Zazou va avoir l’opportunité de discuter et de découvrir l’expérience de Bambi, sa marraine.
Comme les Alcooliques Anonymes dont les Food Addict se sont largement inspirés, il y a des réunions, un système de soutien, pas de jugement, une écoute et des règles à respecter. Des piliers de vie, comme des valeurs à suivre pour s’en sortir.
Rien n’est facile. Cependant, ces groupes font du bien.

En lisant « Food Addict », je me suis sentie moins seule. J’ai appris plein de choses sur les dépendances au sucre et sur la nourriture industrielle. J’en connaissais certaines. Cependant, une petite piqûre de rappel ne fait jamais de mal.
Au contraire.
Je surtout retenu que je ne devais pas me sentir honteuse. Mes fringales compulsives sont loin d’être propres à ma personne. Elles ne me définissent pas. Elles ne font pas de moi quelqu’un de moins bien.
Elles sont le fruit d’une accoutumance portée par un marketing efficace.
Lorsque j’ai eu ce livre en main la première fois, j’ai été fort surprise par les dessins. Ils sont difformes. Les couleurs sont un peu criardes. Le tout est peu attirant, il faut l’avouer.
Avant de tourner le dos à cette lecture pour cette raison, sache que dans « Junk food », la réalité est déformée. Exactement comme lorsque l’on souffre de troubles alimentaires.

La perception de la réalité est modifiée par nos besoins, nos manques, nos carences, nos émotions… Demande à un.e anorexique comment iel se voit, iel te dira toujours qu’iel est gros.se.
Ces illustrations rendent cette lecture encore plus juste.
Je t’invite à dépasser tes éventuelles appréhensions vis à vis de cet album.
Il devrait d’ailleurs faire partie des lectures en secondaire et exploité avec les ados. Je précise également qu’il n’est pas nécessaire d’avoir un souci alimentaire pour découvrir ce livre.
Junk food est un excellent moyen d’ouvrir son regard et son esprit à un des fléaux de notre temps…et de pouvoir aider de façon adéquate ceux qui en souffrent.
Je ne mange pas de junk food mais je trouve le livre intéressant, le sujet étant omniprésent dans la société.
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Je suis admirative! Je dois réellement me sevrer.
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